Faudra-t-il passer en mode privé comme l'ont déjà fait les Espagnols et les Italiens ? Depuis qu'il est président de la CCI régionale, Roland Gomez n'hésite pas à poser très clairement la question. Sachant les chambres de commerce et d'industrie dans le collimateur du gouvernement - « il trouve que ça coûte cher et que ça ne sert pas à grand-chose », explique-t-il -, celui qui a été auparavant président de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence et connaît donc bien l'institution, s'efforce, en attendant, de répondre « aux coups de rabot successifs ».
« On n'est pas sourd »
« Initiés par Montebourg, poursuivis par Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie et des Finances, lequel avait été hué à l'AG des CCI de France, ils sont à nouveau d'actualité avec Bruno Lemaire, l'actuel locataire de Bercy, qui souhaite opérer une ponction supplémentaire de 100 millions d'euros », a en particulier commenté, en ne cachant pas ses « sérieuses inquiétudes », le président de la CCIR au cours d'une rencontre mensuelle instituée avec la presse depuis son élection. D'après lui, avec la loi Pacte notamment, un mouvement de privatisation est en marche et tout dépendra de la façon dont les CCI sauront rebondir.
« Si le gouvernement veut que l'on se transforme, on n'est pas sourd, mais on souhaite avoir un peu de temps pour le faire et on aimerait aussi avoir une situation clairement affichée quant à notre avenir. Mais si ce nouveau coup de rabot est appliqué, prévient Roland Gomez, ce sont 8 000 emplois supplémentaires qui seront supprimés des effectifs des CCI françaises, déjà passés de 25 000 à 19 000 collaborateurs depuis 2012. En Paca, où ceux-ci ont chuté de 1600 à 1200 depuis 2014, ce seront 400 emplois encore en moins. »
A l'échelle d'une CCI territoriale comme celle des Alpes-de-Haute-Provence, où 25 emplois sur 36 disparaîtraient, il faudrait alors, selon lui, fermer la porte.
Vers une task-force avec la région, principal partenaire
Sous sa gouvernance, la CCIR cherche donc à faire des économies par la mutualisation, d'ores et déjà effective, pour la gestion de la paie ou encore le système informatique. « La CCIR n'a plus de directeur général, a encore expliqué Roland Gomez. Ce sont les DG des CCI territoriales qui, chacun affecté à une thématique spécifique, cogèrent la CCI Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une première dans l'Hexagone ! »
Ensuite, son institution compte s'appuyer plus que jamais sur la Région, « le premier de ses partenaires ». « Nous allons constituer avec elle une task-force [force opérationnelle, NDLR] sur des sujets précis comme ceux des fonds européens où, si l'on est unis et l'on agit ensemble systématiquement, il y a entre 3 à 5 millions d'euros par exemple à aller chercher pour les transports, etc. ». D'un « optimisme mesuré », comme il le reconnaît lui-même, le président de la chambre de commerce et d'industrie au niveau régional, ne baisse pour autant pas les bras.